8ème journée scientifique du SYNAPPO: télécharger les présentations. PDF Imprimer Envoyer
Écrit par Dr Soumaïla COUMARE   
Dimanche, 22 Février 2015 15:54

La salle Balla Moussa KEÏTA du Centre International des Conférences de Bamako (CICB) a abrité le 19 février 205, les travaux de la 8ème journée scientifique du  Syndicat Autonome des Pharmaciens d’Officine Privée du Mali (SYNAPPO). Cette journée était parrainée par le Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique. Les...

travaux s’articulaient autour de deux thèmes : Etat de la prise en charge du cancer au Mali (disponibilité des drogues, problématique de prise en charge, perspectives d’amélioration) et la gestion des ressources humaines à l’officine (généralités sur le contrat de travail).

Elle a enregistré la participation du doyen d’âge des pharmaciens du Mali, Pr Mamadou KOUMARE, de nos maîtres et éminents professeurs de la Faculté de Pharmacie, les Professeurs Boubacar CISSE, Bréhima Koumaré, Drissa Diallo. Etaient présents le Président Directeur Général de la Pharmacie Populaire du Mali (PPM), Dr Abdrahamane TOUNKARA, Le Directeur de la Pharmacie et du Médicament, les représentants des ordres professionnels de la santé (pharmacien, médecin et sage-femme), des syndicats et associations de pharmaciens (Syndicat des pharmaciens du Mali: SYNAPHARM, Association des Femmes Pharmaciens du Mali: AFEPHAR et Collectif des Jeunes Pharmaciens du Mali: COJEP), de nombreux confrères de la profession ainsi que la presse écrite et audiovisuelle.

L’animation était assurée par l’Ensemble instrumentale du Mali qui s’est illustrée par trois (3) chansons : Mali dokotorow, Yalayala Fura et Ebola.

La cérémonie d’ouverture fut marquée par trois allocutions.

Dans son allocution de bienvenue, le Président du SYNAPPO, Dr Cheick Oumar DIA fit un bilan de l’année écoulée. Il a souligné la nécessité de formation continue pour le pharmacien d’officine et, justifié le choix des thèmes de cette année.

En terme de perspectives, il a annoncé les défis du SYNAPPO en 2015 : la gestion de la succession des confrères décédés en trouvant un juste milieu entre le social et la loi ; la moralisation de la délivrance des médicaments dans les cliniques et cabinets de soin; l’assurance professionnelle des sites d’officine; la signature d’une convention avec Coris Bank pour appuyer les officines en terme de fonds de roulement, de redressement des officines en difficulté et le rachat du fonds de commerce des officines en cession. Il a remercié Dr Ibrahim COULIBALY et souhaité un accompagnement du département de la santé pour surmonter les difficultés.

A la suite de Dr DIA, le Président du CNOP, Dr Abdou DOUMBIA a souligné l’importance capitale des journées scientifiques du SYNAPPO qui sont devenues une tradition et une occasion pour les pharmaciens de se rencontrer et de se former. Il insiste sur le caractère obligatoire de la formation continue pour le pharmacien depuis l’adoption des résolutions des Etats Généraux de la pharmacie au Mali tenus en décembre 2011. Il a souligné la pertinence des thèmes en rappelant que les pharmaciens ont perdu quatre (4) confrères durant les six derniers mois et, remercié le Président du SYNAPPO pour sa fidélité.

Le Président du CNOP invite les pharmaciens à s’impliquer pour la réussite du Forum prévu à Bamako en juin 2015 et qui est le plus grand évènement annuel dans le secteur pharmaceutique en Afrique. Enfin, il remercia Dr COULIBALY et le département pour tous les efforts consentis pour la réussite de cet évènement.

Dans son allocution d’ouverture, le représentant du Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, Dr Ibrahim COULIBALY a félicité le SYNAPPO pour le respect de la tradition et la qualité de l’organisation des présentes journées. Il s’est dit fier en tant que pharmacien de présider la cérémonie d’ouverture. Il demande aux pharmaciens de rester sur la trace des aînés qui font partie de la crème du pays comme : le Pr Mamadou KOUMARE, le Pr Boubacar CISSE, le Pr Brehima KOUMARE, le Pr Drissa DIALLO, le Dr Abdrahamane TOUNKARA etc. qui sont patriotes et rigoureux sur le respect des textes.

Il a félicité le CNOP qui est un exemple parmi les autres ordres professionnels de santé. Ses félicitations sont allées également à Dr DIA pour sa reconduction à la tête de l’ISPHARMA. Enfin, il a transmis la reconnaissance des plus hautes autorités du pays à l’ensemble des pharmaciens du Mali pour l’accessibilité des médicaments et leur riposte face à la maladie à virus Ebola en 2014.

Dr COULIBALY trouve les thèmes d’actualité et de santé publique, c’est pourquoi il demande aux participants de suivre attentivement les travaux pour une maîtrise et une implication dans la mise en œuvre des concepts. Il demande à l’Ensemble Instrumental National de faire ressortir l’exemplarité de la lutte au Mali contre la maladie à virus Ebola, dans la chanson éponyme. Tout en rassurant le SYNAPPO sur l’accompagnement du département dans la mise en œuvre des recommandations et, en lui renouvelant ses vœux de réussite pour les défis de 2015, Dr COULIBALY lança les travaux de la 8ème journée scientifique du SYNAPPO.

Après la pause-café et la visite des stands, les travaux se sont poursuivis par les deux conférences.

Première conférence

Thème : Etat de la prise en charge du cancer au Mali : disponibilité des drogues, problématique de prise en charge, perspectives d’amélioration.

Cette conférence présidée par le Pr Brehima KOUMARE, a été présentée par Dr Madani LY  MD PhD, du Service d’Hématologie et d’oncologie médicale (HOM), CHU du Point G Bamako.

En 25 min, la présentation de Dr LY a porté sur : la définition et le portrait robot de la cellule cancéreuse, les facteurs cancérigènes, l’ampleur du problème, l’expérience du Mali, le recrutement de nouveaux cas au niveau du CHU Point G depuis 2008 ainsi que les stades d’évolution au diagnostic et les facilités de diagnostic.

Le conférencier a poursuivi avec  les classes de médicaments anticancéreux, les protocoles actuels de chimiothérapie classique et les thérapies innovantes dont l’accessibilité est conditionnée à l’Immunohistochimie  ou à la biologie moléculaire qui ne sont pas disponibles au Mali.

Dr LY a évoqué quelques effets secondaires et demandé aux pharmaciens d’aider à la prise en charge de l’alopécie qui est surtout gênante pour les dames sous traitement. Il a donné la réalité actuelle au Mali avec les insuffisances et les difficultés (Peu de malades accèdent au traitement, peu de personnels qualifiés en hématologie et en oncologie) pour finir avec les perspectives d’amélioration de la prise en charge.

Après les contributions et demandes d’éclaircissements le conférencier a apporté les précisions suivantes :

Il a reconnu que 80% des malades arrivent en phase III ou IV et que dans la majeure partie des cas, le malade passe par le tradipraticien donc, celui-ci est incontournable. Il a souhaité un cadre de collaboration entre les deux médecines. Les teinturières et ceux qui manipulent les dérivés benzéniques et l’amiante par exemple sont à risque. La consommation de fruits et légumes, l’activité physique et la consommation d’aliments de bonne qualité contribuent à diminuer le risque de cancer. Dans le monde, 5% seulement de cancers sont liés à l’hérédité et les gènes de prédisposition sont connus mais, dans le cas du cancer du sein par exemple, des questions d’éthique se posent pour le diagnostic et la prise en charge. Aussi le niveau du plateau technique pour la chirurgie réparatrice, dans ce cas, pose problème. Les facteurs favorisants du cancer du col de l’utérus sont la présence du papillomavirus (même sur la peau) et l’absence de vaccination. Dr LY expliqua que la pharmacologie étant individuelle, les effets indésirables se mesurent par l’adhésion du malade et son observance du traitement. Il a explique que certains germes comme l’Helicobacter pilori peuvent développer de nouvelles clones résistantes aux antibiotique, sous chimiothérapie. D’où la nécessité de faire un chimiogramme et, c’est pourquoi Dr LY lance un message fort à l’endroit des pharmaciens d’officine : qu’aucun antiulcéreux ne sorte désormais de l’officine sans prescription médicale. Il demande également de conseiller aux malades une shistoscopie devant toute hématurie terminale pour voir s’il n’y a pas une lésion qui saigne. Le délai pour les examens de biopsie est de 7 à 10 jours voire 3 semaines à 1 mois selon les examens et, ces délais sont incompressibles. L’approvisionnement des produits anticancéreux est assuré par la PPM par appel d’offre, le traitement est gratuit et pour la biologie moléculaire la coopération existe avec certains laboratoires. La plateforme existe mais, qui va payer? Dr LY propose que l’Etat subventionne la biologie moléculaire avec une économie certaine sur les médicaments et un gain de qualité de la prise en charge.

Le Pr Brehima KOUMARE en résumant cette conférence a donné une anecdote où dans un passé lointain les malades préféraient se suicider en Europe à l’annonce du diagnostic de cancer, aujourd’hui la guérison est possible en cas de diagnostic précoce, il préconise donc des messages de sensibilisation pour une prise en charge rapide de tous les cas de cancer au Mali.

Seconde conférence :

Thème: la gestion des ressources humaines à l’officine (généralités sur le contrat de travail).

Elle fut présidée par le professeur Boubacar Sidiki CISSE et le conférencier était M.  Salif BAGAYOKO, Inspecteur du Travail à la Directeur Régional du Travail de Koulikoro et juriste de formation.

En introduction, M. BAGAYOKO dira que le sujet est important pour tout le monde en tant que employer ou employeur et, que la maîtrise des textes (Le Code du Travail; le Code de Prévoyance Sociale; la Convention Collective du secteur pharmaceutique; le règlement Intérieur) n’est pas du tout un luxe pour prévenir les conflits; s’acquitter de ses obligations et développer l’entreprise.

Il a ensuite défini le contrat individuel de travail, apporté des précisions sur le Contrat à Durée Déterminée (CDD) et le Contrat à Durée Indéterminée (CDI

Il a  alors abordé l’exécution du contrat de travail avec les obligations du travailleur et celles de l’employeur; de sa suspension ; des permissions exceptionnelles; de la discipline; de la modification du contrat de travail; de sa rupture (CDD et CDI); de la durée du préavis; des droits de licenciement; des cas de force majeure; du capital décès; de la démission; du départ à la retraite et de la durée de travail.

Le conférencier précisa qu’au Mali, la durée légale de travail est de 40 heures par semaine. Cependant, conformément aux cas d’équivalences prévues par le  Code du Travail, la durée hebdomadaire du travail est de 45 heures dans les pharmacies. La pharmacie fait partie des 21 secteurs d’activités qui sont habilités à donner le repos hebdomadaire un autre jour que le dimanche, car leurs activités ne peuvent cesser sans inconvénients graves pour la vie collective.

Il termina sa présentation par un contrat type et l’exemple d’un bulletin de salaire pour un pharmacien assistant à l’officine, conformément à la Convention Collective du Secteur Pharmaceutique Privé Officinal du Mali.

Cette conférence suscita beaucoup de réactions avec quinze participants inscrits pour les interventions. Le Président de séances, Pr Boubacar CISSE accorda donc trois (3) minutes à chaque intervenant pour leur contribution et leurs demandes d’éclaircissement

Ayant constaté que certaines intervention s’écartent du thème de la conférence, le Pr CISSE donna la parole aux Présidents du SYNAPPO et du CNOP pour les compléments d’information.

Dr DIA Cheick Oumar expliqua qu’après toutes ces  années de pratique officinale, le SYNAPPO a compris que la gestion des ressources humainesaines est plus difficile que la gestion du stock, ils ont estimé que la convention collective peut être une solution et cette convention tient compte de tout le monde. Il a été complété par le Président du CNOP, Dr Abdou DOUMBIA qui est revenu sur l’historique de cette convention en confirmant que le CNOP est signataire de la convention et que le COJEP a bel et bien été à associé à son processus d’élaboration, même si le document est perfectible.

En réponse aux différentes questions, le conférencier informa que selon un décret de 2004, le SMIG est fixé à 28 460 F CFA au Mali sans tenir compte des augmentations de 5% de 2008 et 2009. Si un employé est payé en dessous du SMIG, l’inspection peut amender, le travailleur peut aussi se plaindre et, en ce moment la différence avec le SMIG est calculée sur la période où il a travaillé avec les dommages et intérêts qui lui seront versés. En cas d’incapacité suite à un accident de travail, l’employeur peut même faire la prison. Il informe qu’il existe d’autres conventions sectorielles et, que d’autres sont en cours de validation depuis 1994. La Convention Collective du Secteur Pharmaceutique Privé Officinal constitue une avancée car, sans cette convention le secteur serait géré aujourd’hui par la Convention Collective du Commerce de 1956 où le salaire de base du professeur agrégé, même actualisé, ne dépasserait pas aujourd’hui les 100 000 F CFA. Pour le salaire au Mali, il n’y a pas de maxima a-t-il insisté. Le 13ème mois est payé si la convention le prévoit, sinon on parle plutôt de bonification payée en plus des 12 mois en fin d’exercice. Le surplus des 45 heures est en heure supplémentaire mais, pour calculer l’heure supplémentaire il faut un cahier de présence, sinon un taux forfaitaire peut être fixé comme dans la fonction publique. Il faut cotiser 13 ans minimum pour bénéficier de la pension complète autrement c’est la pension proportionnelle ou la pension de reversement en cas de décès. Le congé de maternité est payé par l’INPS mais, comme les femmes ne déclarent pas à temps la grossesse, l’employeur peut payer en attendant mais, ce n’est pas une obligation pour lui. Enormément de critères entrent en ligne de compte pour la fixation des salaires pour l’équilibre et le développement de l’entreprise ainsi que l’épanouissement des travailleurs. Les documents exigés au niveau d’une entreprise dépendent de sa taille, pour une officine ce sont surtout : le registre employeur, le bulletin de paye et le registre de paye. Les fichiers électroniques sont aussi acceptés aujourd’hui. Il précise que s’il n’y a pas d’écrit, le contrat est considéré comme un CDI et que pendant la période d’essai il n’y a pas d’écrit sinon c’est un CDD. En cas de démission, le préavis est un droit pour l’employeur mais, il peut y renoncer. Les montants de l’indemnité de monture sont dans la convention et l’existence du contrat ainsi que sa nature ne sont pas liées au diplôme.

A la suite du conférencier, le Président de séance, Pr Boubacar Sidiki CISSE indiqua que les pays anglophones sont en avance sur les pays francophones en matière de management des ressources humaines. Il salue la mise en place d’un statut pour le personnel de l’officine, ce qui permet de sortir de l’informel. Il a rappelé que lorsqu’il était Chef de la Mission Universitaire, un statut pour le personnel de l’enseignement supérieur a été voté en 1998 et signé en 2003. Et depuis, ce statut a été révisé à deux reprises. Il invite donc l’ensemble des pharmaciens d’officine à s’approprier la convention sectorielle.

Résolutions et recommandations :

Résolutions: la 8ème journée demande

- l’identification, auprès des structures de prise en charge, des médicaments anticancéreux et autres produits de santé en rupture d’approvisionnement;

- la détermination des causes de la rupture d’approvisionnement de ces médicaments et produits de santé;

- l’élaboration d’un cadre de collaboration entre médicine conventionnelle et médicine traditionnelle dans la prise en charge du cancer au Mali;

- une large diffusion de la Convention Collective du Secteur Pharmaceutique Privé auprès des pharmaciens d’officine.

Recommandations:

La 8ème journée recommande au SYNAPPO de :

  • mettre à la disposition des pharmaciens d’officine la liste des médicaments anticancéreux en rupture d’approvisionnement ;
  • rencontrer les pharmaciens assistants autour de la convention  pour une meilleure appropriation du document.

Elle recommande également aux pharmaciens d’officine de:

  • sensibiliser les patients à l’officine pour une prise en charge précoce de tous les cas de cancer;
  • délivrer les médicaments antiulcéreux à l’officine uniquement sur prescription médicale;
  • rendre disponibles à l’officine les médicaments anticancéreux dont l’approvisionnement pose problème;
  • rendre disponible à l’officine les produits parapharmaceutiques utilisés dans la prise en charge de l’alopécie suite aux traitements anticancéreux;
  • mettre en œuvre les dispositions de la convention collective du secteur pharmaceutique privé.

Aux pharmaciens assistants, la 8ème journée recommande de :

  • prendre connaissance du contenu de la convention collective pour une meilleure compréhension de ses dispositions ;
  • rencontrer le SYNAPPO pour harmoniser les points de vue sur le document.

La cérémonie de clôture:

Cette cérémonie fut présidée par Dr SANGHO Fanta Sangho de la Direction de la Pharmacie et du Médicament (DPM). Elle demande à tout un chacun de s’acquitter de ses devoirs avant de réclamer ses droits. Elle constate que la profession enregistre des acquis ces derniers temps comme l’élaboration d’un programme de garde pour les officines. Il n’y a qu’un seul secteur pharmaceutique a-t-elle fait remarquer. Elle assure que l’accompagnement du département ne fera jamais défaut pour l’attente des objectifs pour une meilleure santé de nos populations, avant de déclarer clos les travaux de la 8ème journée scientifique du SYNAPPO.

Après la suspension de séance à 15h 25 min, la journée pris fin par une pause-déjeune.

Pour télécharger les présentations:

Etat de la prise en charge du cancer au Mali.

Généralités sur le contrat de travail.

 

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